CAMPAGNE DE TUNISIE III
La 4ème compagnie du bataillon exécutant un mouvement tournant se dirige le long du pied de la hauteur de manière à la prendre à revers et à menacer la ligne de retraite de l'ennemi ; elle est suivie par la 1ère compagnie (1ère section), qui appuie son mouvement et doit couvrir ses arrières.
Ce mouvement achève la déroute de l'ennemi, qui précipite sa fuite vers le massif montagneux, Sud-Ouest, poursuivi par les feux de salve de la 4ème compagnie.
A midi et demi, au moment où les tirailleurs atteignent la crête et prennent possession du bordj en ruine qui la couronne, le drapeau blanc est arboré sur tous les édifices de Mateur ; un escadron du 9ème Chasseur traverse le pont et se porte à l'Ouest de la ville pour couvrir l'occupation et continuer la poursuite.
Le combat était terminé et la ville conquise.
D'après les témoignages dignes de foi, l'ennemi était fort de 5 000 hommes, dont la moitié de cavaliers.
Dans ce double engagement, le bataillon a brûlé 2 015 cartouches.
Les pertes étaient peu sensibles ; deux chasseurs blessés ; le
chasseur MICHEL de la 1ère compagnie : coup de feu à l'oreille gauche ; le
clairon CAPITAN, de la 1ére compagnie: contusion légère au pied droit.
Le rapport du Général MAURAND sur le combat livré par la brigade le 18 mai entre
l'oued Chaïr et
l'oued Joumin[/color et daté du 24 mai 1881 au camp de Mateur, se termine ainsi qu'il suit :
« L’attitude des troupes qui voyaient le feu pour la première fois a été bonne, je n'ai qu'à me louer de tous. Je dois cependant une mention spéciale au 30ème Bataillon de Chasseurs qui a mené le combat en première ligne durant 5 heures, avec autant de sang-froid que de vigueur. »
La colonne campe sur les versants ainsi que sur le plateau du mamelon du Mateur.
Le quartier général est établi à l'intérieur de l'ancien bordj. Le bataillon de chasseurs bivouaque près du marabout de Hallah-Hamouma, sur la plate-forme d'une terrasse, épanouissement de l'éperon Nord de la hauteur, le long des haies de cactus, qui servent de clôture aux jardins de ce côté.
Il forme ainsi un poste avancé gardant toutes les routes qui se dirigent vers
les montagnes du Mogods et du Hadilh.
- Le 19 mai, le bataillon part à 11 heures du matin dans la direction de Bizerte, pour aller au devant d'un convoi. Il s'avance jusqu'à Leckheul et rentre à 4 heures du soir avec le convoi.
Arrestation de 3 arabes en armes aux allures suspectes.
- Le 21 mai, le bataillon s'organise en bivouac sur le mamelon de Mateur.
- Le 22 mai, alerte à 6 heures et demie du soir. Une reconnaissance de cavalerie envoyée dans la direction du
douar Bachraïa, a été accueillie à coups de fusil ; un cavalier a été tué.
Le bataillon prend les armes et se dirige sur le
douar Smith, il rentre au camp à 8 heures du soir sans incidents.
- Le 25 mai, un détachement composé de deux pelotons du 9ème chasseurs à cheval, et de deux compagnies du bataillon, a mission d'escorter un convoi à charger au gué de
l'oued Tindja et à ramener à Mateur.
Départ à 5 heures et demie du matin, retour au camp de Mateur à 6 heures du soir.
- Le 3 juin, la colonne du Général BREART venant de Djedeïda arrive à Mateur.
- Le 5 juin, départ des troupes de Mateur dans la direction du Cap Serrat, moins les troupes ci-après qui restent au camp sous le commandement du
colonel PERIGORD :
- 30ème Bataillon de Chasseurs,
- 1 escadron et demi du 9ème hussards
- 1 section de la 10ème Batterie montée du 9ème d'artillerie.
- Le trésor, les postes, les services administratifs.
- Le 9 juin, la 1ére compagnie escorte jusqu'à Sidi-Ali-Fetallah, un convoi de ravitaillement destiné à la colonne du Général BREART.
- Le 10 juin, reconnaissance par le bataillon du cours supérieur de l'oued Joumin.
Départ à 4 heures du matin par la route de Tabarka, retour à 9 heures et demie par la route de Béjà.
- Le 13 juin, reconnaissance par le bataillon du cours de
l'oued Tin et de
l'oued Krerba.
Départ à 5 heures du matin, retour à 11 heures.
Le 14 juin, reconnaissance par le bataillon de la route de
Sidi-Ali-Fétallah.
Départ à 5 heures du matin, retour à 9 heures.
Retour au
camp de Mateur de la colonne du Général BREART.
- Le 16 juin, les 4 compagnies du bataillon accompagnées de deux pelotons du 9ème chasseurs à cheval, reçoivent mission de parcourir les douars de la plaine pour procéder au désarmement des habitants.
Départ à 5 heures du matin, retour au camp à midi.
La colonne rapporte une trentaine d'armes de toutes sortes.
- Le 21 juin, dislocation de la colonne expéditionnaire des côtes de TUNISIE.
- Le 22 juin, départ d'une partie de la colonne dirigée sur
La Manouba.
- Le 23 juin, départ d'une partie de la colonne dirigée sur Bizerte.
- Le 30ème Bataillon de Chasseurs,
- un escadron de hussards,
- une section de montagne,
- un détachement du Génie,
- et les services accessoires,
Sous le commandement supérieur du commandant du 30ème Bataillon de chasseurs sont chargés de l'occupation de Mateur. Le mois de juillet est employé aux travaux de construction des ouvrages de défense et des abris pour la troupe. Les gourbis sont construits sous forme de hangars avec murs d'appui et piliers en maçonnerie ; le faîtage en bois supporte une couverture faite de branches de lauriers roses et de ciment. Les ouvertures se ferment à volonté avec
des claies en jonc.
- Le 26 juillet, la section du Génie est appelée au
camp de la Manouba ; elle quitte Mateur sous l'escorte de deux pelotons du 11ème hussards. Ces pelotons rentrent le 27 à Mateur.
- Le 9 août, une reconnaissance de cavalerie est envoyée sur la
route de Tabarka : elle est appuyée par la 1ère compagnie du Bataillon.
Départ à 4 heures et demie du matin, retour à 8 heures.
- Le 17 août, reconnaissance par les troupes de Mateur des douars situés dans la partie Ouest de la plaine.
Départ à 5 heures du matin, retour à 9 heures.
Le détachement du train quitte Mateur pour se rendre à La Manouba.
- Le 20 août, reconnaissance exécutée par la cavalerie.
- Le 31 août, départ pour la
Mensuba de la cavalerie et de l'artillerie du poste de Mateur.
- En septembre, le départ de la cavalerie enlève au poste de Mateur tout moyen d'investigations à l'extérieur, le départ de l'artillerie le prive d'un précieux moyen d'intimidation sur les habitants de la ville et les tribus de la montagne, chez lesquelles on commence à signaler une certaine agitation.
Le bataillon réduit à ses seules forces se replie autour du bordj, en entreprend de nouveaux travaux de défense, en vue de créer autour du camp une ligne brisée mais continue de tranchées, abris renforcées avec talus extérieur en pierres sèches.
Plusieurs attaques à mains armées se produisent aux environs, principalement sur la route de Djédéïda à Tébourka, elles donnent l'éveil à la population de la ville et aux propriétaires des
Euchirs environnants qui signalent journellement le passage d'émissaires envoyés dans la montagne par les tribus révoltées du Sud.
L'inquiétude ou l'insolence des indigènes motive un redoublement de surveillance ; le service de nuit est renforcé.
- En octobre, le service de renseignements dirigé par le
lieutenant CHIROU de la CASSINIERE du 2ème Zouaves, mis à la disposition du commandant supérieur de Mateur à la date du 4 octobre, signale le passage de nombreux émissaires envoyés chez les
Mogods par
Ali-Ben-Ahmar, avec des instructions pour provoquer une insurrection générale dans la montagne.
Une réunion importante des principaux
cheiks des tribus Mogods , Hadilhs et
Béjaouas a lieu sur
l'oued Cezenan, le 6 octobre. Le but de cette conférence est de s'entendre sur la conduite à tenir en présence du mouvement insurrectionnel qui gagne la vallée supérieure de la
Medjerdan et tout le sud de la Régence.
Le parti de la paix l'emporte sur celui de la guerre et il est décidé que l'on s'abstiendra de toute prise d'armes ultérieure.
- En novembre, travaux pour remettre en état les gourbis détériorés par les pluies des derniers jours du mois précédent et construction de baraques.
- Le 22 novembre, un détachement envoyé par le dépôt rejoint le bataillon au camp de Mateur, à l'effectif d'un officier, le
sous lieutenant LEBLANC et 25 hommes.
En décembre, les travaux relatifs à la construction des baraques et à l'aménagement du Camp en vue de l'hivernage, sont poussés activement. Tous les hommes et tous les chevaux du poste se trouvent à la fin du mois à l'abri de la pluie.
- Le 28 décembre, Mateur est relié télégraphiquement avec Bizerte.
- Le 31 décembre, départ de la fanfare et de la 1ère compagnie désignées pour aller tenir garnison à Tunis, où elles arrivent le 31 décembre à 10 heures du matin.
Campé depuis le 18 mai sur le monticule au pied duquel s'étend la ville de Mateur, le 30ème Bataillon de Chasseurs s'était trouvé exposé à des causes multiples et des plus actives d'affections miasmatiques.
La situation même du camp , que des exigences tactiques avaient forcément limitée, était des plus défavorables au maintien d'un état sanitaire satisfaisant.
En effet, après les nombreuses fluctuations sur les divers points du monticule, fluctuations motivées par les variations d'effectif du poste, le bataillon était composé en dernier lieu sur le plateau supérieur du monticule.
Or, tout le versant Sud et Sud-Ouest est occupé par le
cimetière arabe dans lequel beaucoup de tombes sont entre- ouvertes : les inhumations se faisant à fleur de terre.
Au-dessous du cimetière et au Sud par rapport au camp ,se trouve la ville, foyer d'infection permanent par suite des détritus de toutes sortes qui restent accumulés depuis des années dans les rues et sur son enceinte; enfin, la proximité des lacs, l'existence dans la plaine de vastes marécages, le voisinage de la rivière partiellement desséchée pendant l'été tout en un mot contribuait dans la situation topographique du camp à augmenter les causes d'intoxication palustres auxquelles les hommes s'étaient trouvés exposés pendant l'été.
Il y a eu 10 décès et 20 hommes ont dû être envoyés en congé de convalescence
1882
- En 1882, le 22 janvier, la 2ème compagnie relève à Tunis la 1ère compagnie qui rentre au camp de Mateur.
- Le 5 février, la 3ème compagnie relève à Tunis la 2ème compagnie qui rentre au camp de Mateur.
- Le 25 février, la 4ème compagnie relève à Tunis la 3ème compagnie qui rentre au camp de Mateur.
- Le 17 mars, la 1ère compagnie relève à Tunis la 4ème compagnie qui rentre au camp de Mateur.
- Le 14 avril, la 2ème compagnie relève à Tunis la 1ère compagnie qui rentre au camp de Mateur.
- Le 2 mai, la 4ème compagnie part pour accompagner comme escorte la 3ème brigade de topographie qui est chargée de lever le terrain, entre
Mateur, Béja, le camp Négro et Bizerte.
- Le 11 juin, la 4ème compagnie rentre au camp de Mateur après avoir terminé sa mission.
- Le 16 juillet, la 2ème compagnie quitte Tunis pour rentrer au camp de Mateur où elle arrive le 9 juillet.
- Le 20 juillet, l'état-major, les 1ère, 3ème et 4ème compagnies quittent Mateur pour aller camper sur le bord de la mer, à 4 kilomètres de Bizerte et à 2 kilomètres de
Keuz-el-Djemil, à la source d'
Aïn-Bittar.
- Le 21 juillet, le bataillon arrive dans la matinée à Aïn-Bittar et s'établit sous la grande tente sur une petite croupe couverte d'oliviers qui descend en pente douce vers la mer.
- Le 21 août, la 3ème compagnie relève à Mateur la 2ème compagnie qui arrive au camp d'Aïn-Bittar, le 22 août à 6 heures du soir.
- Le 20 septembre, la 4ème compagnie relève à Mateur, la 3ème compagnie qui rentre au camp d'Aïn-Bittar, le 21 septembre.
- Le 4 octobre, la fanfare détachée à Tunis, depuis le 1er janvier, rejoint le Bataillon.
- Le 20 octobre, la 1ère compagnie relève à Mateur, la 4ème compagnie qui rentre au camp d'Aïn-Bittar le 21 octobre.